Changer de modèle agraire
Dans les pays en développement, on assiste actuellement à un conflit entre l’agriculture traditionnelle, intensive en main d’œuvre et faible en capital, et l’agriculture industrielle, fortement mécanisée et reposant sur l’utilisation d’intrants chimiques. Dans les sociétés post-industrielles, ce deuxième modèle s’est imposé depuis des décennies, même si on assiste ces derniers temps à l’émergence d’un contre-courant avec l’agriculture biologique. Par contre, dans les pays en développement et particulièrement en Afrique, la petite paysannerie est toujours dominante. Les cas d’accaparement des terres ne sont que la manifestation de l’avancée de l’agriculture industrielle dans ces régions.
L’agriculture industrielle, telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui, n’est pas durable, puisqu’elle repose sur des ressources non renouvelables comme le pétrole ou le phosphate, détruit les éco-systèmes, dégrade les sols et a un impact social négatif dans les pays en développement. Pour cette raison, de nombreux experts recommandent aujourd’hui un abandon de ce type de production et un renforcement de l’agriculture traditionnelle. Des petits producteurs avec leurs petites surfaces arables, formés dans les nouvelles techniques agro-écologiques, peuvent très bien approvisionner les marchés en aliments tout en respectant les ressources naturelles et en garantissant un revenu décent pour eux et leurs familles.
Un tel changement de paradigme, qui mettrait fin à l’accaparement de terres agricoles, doit être amorcé par des décisions politiques. Il faut soutenir les petits producteurs et cesser d’encourager les entreprises agro-industrielles qui sont concentrées uniquement sur une maximisation des profits. Il faut donner la priorité aux initiatives locales dans le respect des droits et potentialités des populations, tout en imposant un système qui prenne en compte les dégâts sociaux et environnementaux dans la formation des prix pour les produits agraires.